La plage noire aux éditions du Seuil, 1995 et «Points» n°P279

Alberto , soixante ans, attend dans sa maison de la plage noire avec sa fille Joyce.
Il tente de retourner en France afin de rejoindre sa compagne Sylvie. Mais, bloqué dans son pays d’origine faute d’un visa valable,il croise la destinée de plusieurs personnes : les Shokörs (la minorité persécutée), un couple d’instituteurs qui le met en garde, un voisin pêcheur qui vit de trafic, une vieille professeur des écoles chrétiennes, un ami photographe et un journaliste… Quand Sider, son ami d’exil, est assassiné, Alberto voit ses craintes se confirmer : la démocratie est un “difficile apprentissage”. Formule sibylline… Entre barrages de police, cimetière de bateaux,
Palais de la Culture entre verre et béton,files d’attente aux ambassades, Maspero esquisse à grands traits le portrait d’une de ces nouvelles dictatures. Cette fiction-réalité vaut aussi par son angle d’approche : la dislocation programmée d’une famille recomposée, un thème qui double la situation politique.

"Sa tartine dans une main, Joyce prend de l’autre la lettre d’un geste rapace et s’enferme dans sa chambre. Inutile de lui demander ce qu’il y a dedans. Elle n’aurait qu’un haussement d’épaules évasif. Elle ne peut se passer des lettres, mais sitôt arrivées, elle semble s’en désinterésser, comme si les mots, les lignes sur le papier avaient moins d’importance que, simplement, de tenir l’enveloppe dans sa main contre sa peau. Demain, Alberto lira la lettre qu’elle laissera traîner. Ma princesse, dit toujours Sylvie. Elle lui pose des questions. Lui parle de sa vie. De son attente à elle. Le ton toujours enjoué. Occupe-toi bien d’Alberto."

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