Le figuier aux éditions du Seuil, 1988 et «Points» n° P1160

De 1958 à 1967, itinéraires et rencontres de trois êtres marqués par l’engagement. Manuel Bixio, l’éditeur militant, qui publie des livres anticolonialistes dans le contexte de la guerre d’Algérie, sacrifie femme et enfants pour partir comme journaliste vers les pays où on souffre et on espère, en demeurant tiraillé entre son rôle de spectateur et la tentation de “basculer” pour prendre les armes au côté des peuples opprimés. Felipe Gral, imprimeur et patron des Éditions du Figuier, personnage au passé mythique de combattant, revenu d’entre les morts, pour qui “perdre est la forme la plus élégante de la réussite” et qui gère sa dernière vie en publiant de la poésie, du fond de “l’arrièremonde” de son atelier. Mary Kendale, photographe internationaliste, dont les images sont autant de défis et qui finit par trouver sa terre et les siens en épousant la cause des révolutionnaires latino-américains. Ce roman plein d’espoir et de désespoir, d’époques et d’endroits différents, qui est aussi une ode à deux grandes passions de l’auteur, la traduction et l’édition, nous dit que l’engagement véritable abîme profondément ceux qui l’ont choisi mais peut aussi permettre d’être en paix avec la vie.

"Il s’installa dans le village : il loua une boutique abandonnée sur la place. Il travaillait dans la cuisine et, par la porte vitrée du fond, il voyait les arbustes et les hautes herbes du jardin en friche s’agiter dans le vent. Le goût de la traduction lui revenait, il aima sentir les rouages des mots et des phrases se remettre en place, même s’ils grinçaient souvent et se grippaient parfois d’une manière intolérable – et il croyait alors qu’il n’irait pas plus loin, essouflé et douloureux : mais non, la marche reprenait."

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